jeudi 23 septembre 2010

Nova

À Nova rue Saint-Dominique où on s’est vus pour la première fois, on ne pouvait rien au désastre de notre rencontre. Si j’avais su comme on dit la plupart du temps sans dire ce qui aurait dû être su au juste et sans comprendre que savoir à l’avance provoque le pire, si on avait pu lire dans les tarots de ma tante par exemple la couleur des cheveux des rivales qui m’attendaient au tournant et si de l’année de ma naissance on avait pu calculer que plus jamais tu ne me sortirais de la tête depuis Nova… (Folle, p. 7).

Un mois ou deux après notre première rencontre à Nova on s’est aimés en même temps. (Folle, p. 11).

Quand on s’est rencontrés la première fois à Nova j’allais avoir vingt-neuf ans sur le coup de minuit. (Folle, p. 13-14).

Quand tu m’as vue ce soir-là à Nova j’avais une longueur d’avance sur toi parce que tu savais déjà qui j’étais, tu me connaissais de réputation. (Folle, p. 18).

(…), mon dieu que j’aurais aimé qu’on ne se soit jamais rencontrés à Nova rue Saint-Dominique. (Folle, p. 19).

À Nova je portais mon vrai nom pour les intimes et Nelly pour les autres. (Folle, p. 21).

Le premier jour du printemps de cette année je ne suis pas allée à Géante Bleue et le premier jour de l’été qui approche à grands pas en même temps que mon propre deadline, je n’irai pas à Nova. (Folle, p. 25).

Je t’ai aimé au premier regard à Nova même si je sentais qu’entre nous il n’y aurait que nos divergences, même si tu as dit, devant Adam, qu’une chirurgie plastique avait mis le feu à la Californie parce qu’elle avait rendu aux Californiennes l’étroitesse de leur chatte de fillette. (Folle, p. 30).

À Nova on a beaucoup parlé et trop peut-être, l’information a créé entre nous la confusion. (Folle, p. 31).

(…) : tout avait été mis sur table à Nova. (Folle, p. 32).

Une jolie brune t’accompagnait à Nova, elle s’appelait Annie. (Folle, p. 36).

Deux semaines après Nova on partait dans les Cantons de l’Est au chalet que mon grand-père m’avait légué à sa mort. (Folle, p. 37).

La fin a commencé trois ou quatre mois après Nova. (Folle, p. 63).

Ce jour-là on a longuement parlé, on s’est dit autant de choses que le soir de notre première rencontre à Nova mais on ne s’écoutait qu’à moitié, peut-être parce qu’à ce moment on n’avait que trop l’habitude des répliques de l’autre qui avaient pris avec le temps des allures de ritournelles, (…). (Folle, p. 134).

Le soir de Nova on était tous les deux accompagnés. (Folle, p. 147).

Tu m’as dit que devant ton ex, que tu croisais à l’occasion de soirées comme celle de Nova, tu agissais ainsi sans préciser ce qu’« ainsi » désignait. (Folle, p. 149).

Quelques mois seulement après Nova on est entrés en guerre et tout ce qu’on s’était dit ce soir-là s’est retourné contre nous, c’est peu dire qu’on ne savait pas à quel point on disait vrai. (Folle, p. 150-151).

Plus tard je me suis dit qu’à Nova tu avais dû penser des putes incluant les ex-putes comme moi la même chose que tout le monde, (…). (Folle, p. 151).

Ce soir-là fut le dernier soir où je t’ai permis de me parler d’elle aussi longtemps; à Nova tu as profité de l’indulgence qu’exigent les premières rencontres. (Folle, p. 152).

Ce soir-là à Nova je t’ai montré sans le vouloir cette tare de naissance qui a fait de moi un monstre incapable d’apparaître dans les tarots de ma tante, j’ai toujours dit que mon problème était un problème d’apparition. (Folle, p. 154).

Dans le mur de miroirs à Nova je me suis dévisagée pendant un temps et quand on a repris la conversation j’ai été navrante. (Folle, p. 155).

Devant le mur de miroirs à Nova on parlait toujours mais je n’écoutais plus. (Folle, p. 157).

À Nova tu m’as dit que tu étais pigiste, que tu avais entendu parler de moi à la radio et dans les journaux, que tu m’avais déjà vue mais que tu ne m’avais pas encore lue. (Folle, p. 172).

De me parler de ton rêve à Nova t’en rapprochait un peu. (Folle, p. 175).

Six mois après Nova tu me baisais par fatigue, par économie du temps qu’il faut prendre pour dire à l’autre que le cœur n’y est plus et qu’il faut en finir. (Folle, p. 176).

Ton ex Annie l’appelait désinvolture, elle l’appelait aussi insouciance, je le sais parce que j’ai lu vingt fois la lettre qu’elle t’a écrite le lendemain de Nova où elle a été témoin de notre rencontre et que tu as fixée dès lors d’une punaise sur ton tableau en liège derrière ton ordinateur. (Folle, p. 178).

Aujourd’hui je sais que dans un dernier élan de générosité Annie a voulu passer sous silence, comme on l’avait déjà fait nous-mêmes, ce qui lui était arrivé à Nova, aux petites heures du matin quand on est partis coude à coude chez moi. (Folle, p. 178).

Aujourd’hui je suis convaincue que si j’étais venue à toi le soir de Nova sous mon vrai nom on ne se serait jamais revus. (Folle, p. 195).

Quand on est finalement sortis du loft rue Saint-Dominique, au petit matin de Nova, est survenu un événement dont on n’a jamais reparlé par la suite. (Folle, p. 197).

Tout au long de notre histoire j’ai douté, je me suis demandé si en sortant de Nova tu avais vu ce que j’avais vu mais je n’ai jamais osé te poser la question, puisque ça concernait ta vie plus que la mienne, j’attendais que ce soit toi qui la poses. (Folle, p. 197).

Vers les cinq heures du matin à Nova on ne voulait toujours pas se lâcher. (Folle, p. 197).

Malgré la traversée de Nova tu avais la peau nette, sur ton visage se lisaient la robutesse des décideurs et la fraîcheur de ton jeune âge. (Folle, p. 198).

Une douzaine de personnes s’étaient rassemblées autour de la scène, certaines sortaient directement de Nova. (Folle, p. 199).

On a repris notre marche en silence en espérant que la lumière de cette mort mette des années à nous atteindre : Nova venait de se terminer. (Folle, p. 200).

Quand j’ai hurlé, tu t’es dégagé de moi, et tous les deux on a pensé à Annie hurlant dans le petit matin à la sortie de Nova. Tu as prononcé les mêmes paroles qu’à Nova, tu as parlé de la charge individuelle à porter, du fardeau de chacun impossible à tansférer sur le dos des autres, puis je suis partie. (Folle, p. 203).

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