mercredi 22 septembre 2010

Chez Parée

1258 Rue Stanley, Montréal (QC)

On m’a préalablement gazée, puis promenée selon je ne sais quelle idée de ce que doit être un brouillage de pistes, dans un bar de danseuses nues réputé, érigé en institution : Chez Parée. À l’intérieur, il avait ce qu’il devait y avoir : des danseuses nues, des clients, et quelques clientes distribuées çà et là, qui, pour la plupart, étaient des putes accompagnatrices de clients sous couvert de vraies femmes cochonnes, ouvertes, consentantes, non rétribuées. (Paradis, clef en main, Éditions Coups de Tête, 2009, p. 74).

Le bar au complet a amorcé sa lente rotation autour de moi, comme un mal de mer naissant qu’aurait le monde entier, quand j’ai vu, ou plutôt revu, devant moi, sur le stage, courant entre les jambes d’une paire de danseuses décuplées par la vision pataude et biscornue de l’ivresse, le caniche blanc de la première convocation. Je n’en croyais pas mes yeux. J’étais sur le cul, encore une fois. Le petit chien merdique et emmerdeur réapparaissait, le fil conducteur des lieux épars et étranges où ma vie était mise à prix, le plus grand et plus présent des représentants de Paradis, clef en main, se manifestait Chez Parée. Il me livrait une performance. (Paradis, clef en main, p. 79).

Ce n’était pas drôle. Je tentais de retrouver la légèreté de Chez Parée, sa promesse d’amour, sa gaieté, mais la dictature du portrait imposait considération et respect, il accaparait l’espace, il le remplissait de lui-même, il me ramenait à ma réalité de suicidaire en quête d’une mort prochaine. (Paradis, clef en main, p. 85).

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